Aujourd'hui, c'est jour-anniversaire... Il y a quatre ans, je me préparais à recevoir une grande poche de cellules-souches : le jour 0 de la greffe !
A cette occasion, j'ai décidé de te parler d'un moment très marquant qui s'est produit à la mi-novembre 2013, soit cinq mois auparavant. J'avais rendez-vous ce jour-là avec l'hématologue qui me suivait à Chambéry, le docteur Hacini. Une consultation à laquelle assistait ma femme et que nous ne sommes pas près d'oublier.
Cette entrevue était assez solennelle puisqu'elle marquait le passage de témoin entre le service d'hématologie de Chambéry et celui de Lyon Sud. Dernière consultation au 7ème étage du centre hospitalier. Tout de suite, j'ai senti quelque chose qui clochait chez notre interlocutrice. Elle était anormalement tendue...
En quelques mots, elle nous a expliqué le dilemme qui la tenaillait : avait-elle pris la bonne décision en me dirigeant vers la greffe ? Le risque afférent à celle-ci pouvait réduire drastiquement mon espérance de vie alors qu'en laissant faire la nature, j'aurais deux années assurées... Depuis, j'ai souvent repensé à son trouble. Peut-être venait-elle de perdre un patient ? Toujours est-il que j'ai apprécié cette expression d'humanité.
Rien n'aurait changé à ce moment-là. J'étais décidé, je voulais me battre, quitte à y laisser des plumes. Cinq mois et un énorme risque ou deux ans sans réagir... La première option s'est pourtant révélée la bonne.
Quand j'ai franchi la porte du service MBE4, quand le double sas de la chambre 310 s'est refermé sur moi, je savais que je risquais gros à partir de cet instant et que ces quatre murs seraient peut-être le dernier lieu dans lequel je vivrais. Quand le liquide brun a coulé dans mon corps, au goutte à goutte durant quatre heures, le 10 avril 2014, personne n'aurait pu pronostiquer quoi que ce soit. La greffe prendrait-elle ?
Quatre ans plus tard, je suis là pour confirmer que le docteur Hacini avait pris la bonne décision. J'en suis très heureux pour elle... et pour moi, bien entendu !