Le plus difficile à supporter durant la greffe, c'était les énormes contraintes qui pesaient sur la vie quotidienne, tous ces rituels surprenant au départ puis devenant très rapidement insupportables.
Aucune place pour l'improvisation, tout était programmé, pesé, réfléchi. Le moindre instant dans la journée répondait à un paragraphe du sacro-saint protocole. La douche, le matin à 9h, alors que tu avais froid, dans une salle de bains exiguë, avec des pansements à ne pas mouiller, un jet trop puissant, le gant de toilette jetable, une simple serviette un peu rêche pour te sécher... Retour sur ton lit car c'était l'heure du nettoyage de la chambre, une demi-heure au minimum, avec ces odeurs de désinfectant qui me sont encore restées dans le nez aujourd'hui... Ces visites toutes les 4 heures, prise de sang au cordon, réglages, vérification ainsi que les alarmes qui ne cessaient de sonner, jour et nuit, signifiant un problème sur une pompe ou un pousse-seringue... Ce fameux cordon 6-mètres dont tu devais prendre soin et ne pas coincer en te déplaçant. Quelques exemples dans un océan de contraintes.
Je repense à tout cela comme on se remémore un mauvais cauchemar à son réveil. Certes, je ne critique rien, ma vie en dépendait ! Je suis juste heureux d'en avoir terminé avec un monde si humain et inhumain à la fois...